Dominique COURET

Nom de l'UMR ou de la structure UMI 236 Resiliences
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Ma fonction et/ou mon métier et/ou mon sujet de recherche DR2 IRD, Recherche en Géographie humaine et de terrain sur la question du développement en latitudes 23, les intelligences et la fabrique des savoirs et des savoir-faire du développement en Côte d'Ivoire
Adresse 11 quai de la Gironde
Code postal 75019
Ville PARIS
Quelle(s) expérience(s) de travail dans une ville ouest-africaine ? Ouagadougou (Burkina-Faso) 1 semaine 1994, dans le cadre de la consultance pour le PNUD sur l'Enquête Volonté à payer, (resp. Annie Manou-Savina) ; ville d'Abidjan et villes secondaires de Côte-d’Ivoire, affectation IRD de 1992-1996, programme IRD Politiques urbaines et développement (resp. Jean Paul Duchemin et Emile Lebris) puis Grand programme Environnement urbain (resp.Pierre Peltre) et missions courtes annuelles IRD 2013-2018 programme "Intelligences des Savoirs et des savoir-faire du développement en Côte d'Ivoire" (dans le cadre de l'Axe Usages et construction des savoirs du CESSMA, resp. MArie Albane de Suremain, Catherine Viguier et Céline WANG)
Pourquoi travailler sur les villes ouest-africaines ? En ville ivoirienne, tel que cela m'est apparu au parcours de mes anciens terrains revisités – Quito et l'Equateur 30 ans après ; Abidjan et la Côte d'Ivoire, 20 ans après ; Brasilia et son hinterland régional 10 ans après, Il y a un niveau d'investissement des entités territoriales de gouvernance locale (district d'Abidjan, municipalités) très bas dans l'aménagement et l'équipement urbains accompagnant la fonction d'habitat et dans le développement des accès aux aménités du développement dans les quartiers populaires. En même temps toute une économie de services et d'artisanats palliatifs c'est développée. Travailler sur la question des services et aménagements urbains en ville ivoirienne se présente comme un laboratoire intéressant pour concevoir de nouvelles formes et alternatives éco-géo-socio écologique de gestion et d'aménagement de l'environnement urbain pour assurer les biens communs essentiels d'une certaine qualité de vie, de salubrité publique et de revenu pour les petits métiers de l'économie locale dans un cadre de gouvernance et de régulation par la population (cf. exemplarité des comités de quartiers de gestion de l'eau tels que développés par l'AFD)
Quelle spécificité de l'environnement dans les villes ouest-africaines ? A Abidjan et dans les villes secondaires ivoiriennes, l'extension du tissu urbain est largement le fait des acteurs privés dans le cadre des marchés fonciers et immobilier, qu'il s'agisse des opérateurs de lotissement immobiliers de classe économique au haut standing comme des constructeurs loueurs dans l'habitat informel. Cela a pour effet un investissement très minimal dans les équipements collectifs d'assainissement, de drainage et de circulation. La combinaison de la forte minéralisation des sols au sein des parcelles avec l'absence de bitumage des voies et d'aménagement de drainage des flux de ruissellement et de canalisation des eaux usées, est créatrice de vulnérabilité de l'habitat urbain et de mise en dangers multiples et diffus de la salubrité publique : dangers d'érosion, d'inondation, de stagnation des eaux favorable aux vecteurs du paludisme, virus et bactéries comme à la propagation des pollutions et toxicités non contrôlées.
Quelle spécificité de la santé dans les villes ouest-africaines ? Le poste des frais de santé et de la prise en charge de la famille élargie est celui qui avec ceux de la scolarisation des enfants est le facteur des endettements des ménages et des "catastrophes économiques" qui en résultent (faillite de l'entreprise et perte des moyens du travail). A Abidjan, il existe une médecine moderne de qualité notamment accessible au sein des centres hospitaliers, cependant pour y accéder un minimum de paiement est nécessaire ce qui est hors des possibilités pour a peu près 40 % des populations urbaines qui ne sont pas solvables. Les ménages qui ont les moyens s'adressent plus souvent aux cliniques et centres de santé privés car les médecins et les personnels infirmiers y sont plus disponibles, le suivi et l'approvisionnement en médicament mieux assurés. Des centres sanitaires de santé mutualistes ont été développés dans tous les quartiers d'Abidjan, la qualité des soins y dépend beaucoup du personnel médical et gestionnaire. Les populations sont à la fois touchées par les maladies chroniques (paludisme, vers, maladies intestinales) qui fatiguent les organismes ; les maladies graves (typhus, choléra, sida), les maladies du développement (hypertension, obésité, diabète, déficience rénale). Dans tous les cas des soins modernes trop chers amènent les populations à préférer recourir soit à la pharmacopée traditionnelle, soit à la médecine chinoise, soit à la phytothérapie et aux compléments alimentaires.
Pour vous cet atelier serait une réussite si Si on arrive à bien concevoir l'approche et le protocole de recherche à partir de l'analyse situationniste "Comment cela se passe-t-il dans la réalité local et quotidienne", et ne pas rester à analyser les dysfonctionnements comme seulement des problèmes mais comme la base pour concevoir des solutions. Pour cela il faudrait se donner les moyens de restituer les situations de dangers et les vulnérabilités observées en tant que résultats d'un système combinatoire et un enchainement d'articulations entre toutes les dimensions qui y participent : la qualité de l'environnement, des mécanismes écologiques et environnementaux, de l'appareil gestionnaire et marchand, le niveau de l'information et de la connaissance acquise par la population, l'adaptation des pratiques des habitants comme des personnels de santé et autres acteurs de la salubrité publique… Lorsque nous avions travaillé la question des risques sanitaires liés à l'eau à Addis-Abeba avec Stéphanie Guitton (UR029 URBI Environnement urbain 2000-2009) -cf.sa thèse "La santé urbaine au risque de l’eau à Addis-Abeba (Ethiopie) : entre dangers sanitaires, menaces perçues, pratiques et vulnérabilités socio-environnementales"-, la conclusion principale avait été que les populations habitant les quartiers sous-équipés même les plus modestes, avaient été bien formée aux techniques de prévention et de précaution sanitaires, et nous avions découvert alors leur grande inventivité et capabilité à mettre en place des techniques et pratiques de contre-vulnérabilités très efficaces en dehors de toute intervention publique (on pourrait parler d'alternatives "Low tech and low practices").